Hellooo Peuple du Tchapalooo,
Quel temps fait-il chez vous actuellement ?
Comme certains ont tendance à le dire, « C’est la météo qui décide le plus souvent de notre style vestimentaire« . Est-ce que c’est votre cas ?
Vous l’aurez compris. Aujourd’hui, nous allons parler de mode et plus précisément de celle de nos origines, en l’occurrence de nos vêtements africains. Nous les apercevons quotidiennement, mais connaissons-nous réellement leurs noms ou encore leurs histoires ?
Cette fois, dans mes wakayances, j’ai effectué une petite recherche sur ces belles étoffes parsemées de symboles qui épousent et rehaussent parfaitement nos silhouettes.
Plongeons dans l’univers des tissus africains.
Qu’est-ce qu’un tissu africain ?

C’est un élément clé de la culture africaine. Il joue un rôle central dans l’identité des peuples de par et d’autres.
Généralement, la première vision qui nous vient à l’esprit est celui du Wax. Un textile composé de coton et dotés de couleurs vives, de motifs complexes imprimés selon une technique de coloration de cire. Or, il existe d’innombrables compositions à travers les nations.
Dans le langage courant, il est appelé pagne. Originaire du village des Akans qui le nomment le kente « nwentoma », un tissu tissé, représentant un vêtement royal et sacré.
À l’époque, il était réservé uniquement à la royauté, car, c’était un symbole d’aristocratie et de grandeur.
Bien qu’il se soit généralisé à ce jour, il est resté un assemblage d’une grande importance. Toujours arboré lors des célébrations importantes.
En effet, les tissus traditionnels africains représentent un véritable trésor culturel, incarnant des siècles d’histoire, de créativité et d’identité. Ils sont le reflet de la diversité des peuples et des coutumes à travers le continent.
Origine et symbolisme
Il est important de rappeler que les tissus africains ne sont pas de simples textiles. Chaque motif, couleur et technique de tissage raconte une histoire unique. Par exemple, dans des cultures comme celles de l’Afrique de l’Ouest, le tissu Kente symbolise la monarchie et la noblesse. Tissé à la main, il est réservé aux cérémonies importantes. En Afrique centrale, le tissu Kuba, fabriqué à partir de fibres de raphia, est un symbole de prestige et d’héritage.

Caractéristiques des tissus africains
Fabriquer selon un standard, leurs largeurs sont toujours comprises entre 114 et 122 cm et une longueur totale de 6 yards soit 548 cm. Longueur due au fait qu’il est possible de fabriquer plusieurs types de vêtements un métrage conséquent. On peut citer entre autres la jupe, un haut, une écharpe…
Les couleurs jouent un rôle essentiel et portent une signification culturelle. Les teintes vives telles que le rouge, le jaune, le bleu et le vert sont courantes. Ces derniers symbolisent la fertilité, le bonheur, la prospérité ou encore le deuil, ceci, selon les régions et les motifs.
Les motifs géométriques et symboliques sont très présents et racontent une fable. Ils communiquent un message ou représentent un caractère spirituel ou social.
Plusieurs techniques sont donc employées dans le cadre de leur fabrication. Du tissage à la main, la teinture à la cire (batik) ainsi que la teinture à l’indigo, chaque technique donne une texture et une apparence uniques au tissu.
Mais, au-delà de l’aspect esthétique, ces revêtements servent à exprimer l’identité culturelle, l’appartenance à une communauté ou une classe sociale. Lors de cérémonies telles que les mariages et les funérailles, le choix du tissu est particulièrement significatif.
Le Ndop
C’est un tissu traditionnel du peuple Bamiléké, une ethnie de l‘ouest du Cameroun. Au cours du 19ᵉ siècle, le Ndop coexistait avec le type Wukari du Nigéria. Plusieurs personnes ont tendance à dire que ce tissu est inspiré du roi Njoya, qui, l’a d’ailleurs produit à Foumban.
Utilisé lors des cérémonies et des événements royaux, ce tissu africain est confectionné à partir de coton tissé, teint avec de l’indigo, et il est orné de motifs géométriques blancs tracés à la main. Le Ndop joue un rôle essentiel dans les rituels et les célébrations du peuple Bamiléké, où il est porté par les chefs, les notables et les membres des sociétés secrètes.

En plus de son rôle spirituel et social, chaque motif représente des symboles et comporte des significations particulières liées à la spiritualité et à l’histoire de la tribu. C’est ainsi qu’on retrouve : la panthère (la royauté), le crocodile, l’araignée (la sagesse), la lune, le soleil, le jour et la nuit. Une liaison entre le visible et l’invisible. Le Ndop est une œuvre ouverte où chaque initié peut rajouter sa ligne.
Aujourd’hui, il est de plus en plus intégré dans la mode africaine moderne. De nombreux créateurs de mode camerounais utilisent ce tissu pour confectionner diffrérents vêtements ainsi que des accessoires décoratifs. Ce qui contribue à préserver et à valoriser le patrimoine culturel du Cameroun, tout en rendant le Ndop accessible à un plus large public.
Il est important de noter que la plupart des exemplaires trouvés sur le marché ne sont pas les mêmes portés par les dignitaires locaux. Bien que les motifs y rassemblent beaucoup. Ces reproductions industrielles s’inspirent de l’original.
Le Bogolan
Issu du Mali, le Bogolan est l’un des plus anciens tissus africains et est fabriqué à base de toiles de coton brodées à la main et teintées à l’aide de boue. Ce tissu se distingue par ses motifs graphiques uniques. Le Bogolan est également utilisé pour la création de plusieurs vêtements tels que des boubous africains, des blouses, des chemises, etc.
En bambara, l’une des langues du Mali, Bogolanfini est découpé comme suit : bogo = « terre » ou « boue« , lan = « avec » ou « au moyen de« , et fini = « tissu« . Ce tissu est donc reconnaissable à ses motifs géométriques souvent tracés à la main. En plus d’être porté lors de cérémonies et d’événements culturels, il est également très prisé dans le prêt-à-porter africain moderne.
Connu à travers les 4 coins du monde pour sa technique de teinture, les couleurs du Bogolan varient entre le jaune et le noir en passant par le marron. Celles-ci sont très variables en fonction de la boue utilisée pour teindre.

Le Kente
Aussi connu sous le nom de « Pagne Kita », le Kente est l’un des tissus les plus réputés en Afrique. Cette étoffe, provenant du Ghana et du Togo, est habituellement fabriquée exclusivement par les hommes et à la main. Puisque selon les croyances Ashanti (ouest du Ghana), le cycle menstruel des femmes est une interférence dans la production et la qualité de la toile. Chaque motif ainsi que chaque nuance de couleur de ce tissu a une signification spécifique. Ce pagne, tout comme les précédents, était à l’origine un emblème de royauté et de prestige.
Sous d’autres noms, c’est un agbanmévoh, appelée nwentom en langue akan et kete en langue Ewe.
Selon couleur, vous aurez une signification bien précise :
Blanc
Symbole de la pureté, de l’innocence, de la spiritualité et de la paix (psychique, collective et intérieure). Elle rappelle avec soin le caractère sacré et divin. Toutefois, bien que sa présence dans le tissu reste minoritaire, elle y est parfois présente en filigrane.
Jaune
Symbole de l’opulence, de la préciosité, de la santé et de la richesse sous toutes ses formes – financière, spirituelle, intellectuelle – mais aussi de la fertilité.
Or
Symbole de la royauté, de la richesse, d’un statut social élevé, de la gloire mais aussi de la pureté spirituelle.
L’or est la couleur la plus présente dans la fabrication de ce tissu. Combiné avec la couleur jaune.
Noir
Symbole du deuil, de l’obscurité, du mal, du secret et du mystère mais aussi de la maturité et de l’énergie spirituelle. Utilisé dans les cérémonies initiatiques et purificatrices?
Vert
Symbole de la vie, de la croissance, de la bonne santé et de l’harmonie. Il rappelle également la végétation, les récoltes, la croissance mais aussi le renouveau spirituel.
Bleu
Il rappelle le ciel et la mer. Symbole de l’élévation, de la communion, de l’humilité, de la patience, de la sagesse, de la paix, de l’harmonie et de l’amour.
Rose
Symbole de la femme, l’essence de la vie, calme, douceur.

Le Wax
Le Wax africain est sans doute le plus emblématique des tissus africains, reconnu pour ses couleurs vives et ses motifs graphiques distinctifs. Ce tissu imprimé est fabriqué à partir de coton ciré, une technique qui remonte aux batiks indonésiens. L’histoire du wax est celle d’une rencontre culturelle entre l’Afrique de l’Ouest et l’Asie, via l’Europe. Les colons néerlandais et hollandais ont adapté la technique du batik javanais, créant ainsi le tissu wax, qui est devenu rapidement populaire en Afrique.

Ce tissu est souvent utilisé pour la confection de plusieurs articles, des robes patineuses, des jupes crayons, des accessoires comme des pochettes et des bandoulières. Ses motifs variés et ses couleurs chatoyantes le rendent très prisé dans la mode africaine et internationale.
Le wax hollandais est produit et commercialisé principalement par le détendeur du marché en Afrique, Vlisco. Il reste une référence de qualité supérieure, mais il est concurrencé par des productions locales en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin et au Sénégal. Cependant, le marché est aujourd’hui envahi par des contrefaçons venues d’Asie, souvent de qualité inférieure, qui ne respectent pas les techniques traditionnelles de cire.
Ces étoffes se caractérisent par l’utilisation de dessins, pour la plupart colorés et vivants, inspirés en partie de la géométrie africaine. Ces tissus africains authentiques sont imprimés recto verso sur du coton à 100 % selon le principe du « wax block« .
Mode de fabrication
Bien que le est un vrai élément de mode de nos jours. On peut réaliser toutes sortes de créations avec ce tissu 100% coton. Aussi joli en vêtements qu’en décoration, le Wax connaît la gloire depuis longtemps !
Il est important de rappeler que tous les tissus colorés et à motifs ne sont pas de véritables Wax Africains. On distingue différentes qualités parmi les Wax : le fancy, le java, le wax et le super Wax.
La cire est appliquée sur les parties qui doivent rester blanches puis le tissu passe dans des rouleaux pour être imprimé sur les deux faces. Le tissu est aussi beau sur l’endroit que l’envers.
Le bazin
Les principales caractéristiques de ce tissu sont sa raideur et son éclatante brillance. En effet, cette étoffe à base de coton teinté artisanalement dans un bain l’alcali pour blanchir sa toile puis dans un bain de soude, est entièrement fabriqué en Europe. Ses motifs sont obtenus grâce au tissage de fils fins de coton non blanchi.
Comme dans la plupart des tissus, il existe différentes sortes de Bazin. On peut ainsi citer : le Bazin 100% coton de qualité supérieure, le Bazin bon marché avec une qualité moindre, et celui importé de Chine.

Le Raphia
Textile en fibres naturelles, ce tissu est obtenu à partir de jeunes feuilles de palmier séchées.
Pour lui donner sa souplesse, les fils sont battus et émincés. Ces derniers peuvent teinter avant ou après le tissage selon la vision du tisserand.
Ici, on est loin des multiples objets de décorations en fibres de raphia comme on rencontre à l’accoutumer dans nos différentes maisons.
Dans la mode contemporaine
La mode africaine connaît un essor sans précédent sur la scène internationale et les tissus africains sont au centre. Des créateurs de mode comme Imane Ayissi, Laduma Ngxokolo, ou encore Lisa Folawiyo, les utilisent pour créer des collections haute couture. Créations qui séduisent le monde entier. Le wax, le kente et d’autres tissus traditionnels sont désormais utilisés pour des pièces uniques. Allant des vêtements de tous les jours aux robes de soirée, intégrant ainsi l’authenticité culturelle africaine dans la mode moderne.
Des marques africaines et internationales intègrent l’Ankara, le Kente et d’autres tissus dans des vêtements de prêt-à-porter, des accessoires et des articles de décoration intérieure.
L’importance de préserver cet héritage textile
La préservation des tissus traditionnels africains ainsi que leurs emplois sont cruciaux pour maintenir vivante cette forme d’expression culturelle. Ils sont le reflet d’une histoire riche, d’une créativité sans limites et d’une identité profondément enracinée dans la culture. De nombreuses initiatives visent à valoriser cet artisanat local et à protéger les savoir-faire ancestraux face à l’industrialisation croissante. Soutenir les artisans africains contribue non seulement à la préservation de notre patrimoine, mais aussi au développement économique de nos communautés.
Notons également que, ces étoffes traditionnels, fabriqués de manière artisanale, sont souvent plus respectueux de l’environnement que les textiles industriels. En utilisant des fibres naturelles et des procédés de teinture écologique, les artisans africains réduisent l’impact écologique de leur production. Cette approche vestimentaire durable aussi les consommateurs contemporains, soucieux de l’impact environnemental de la mode. La croissance de leur popularité à travers le monde témoigne d’une reconnaissance accrue de leur valeur esthétique et de leur importance culturelle.
Pour aller plus loin sur la géométrie des textiles africains, la vidéo suivante vous explique quelques notions.
Voilà donc ce que j’ai trouvé dans mes petites recherches. E espérant que cela aidera plusieurs d’entre vous. Je vous souhaite une bonne sapologie et une excellente journée.
À très bientôt Au Tchaplooo !
Liste de quelques tissus traditionnels africains
Pays | Tissus |
---|---|
Afrique du Sud | Shweshwe, Madras |
Algérie | Chenille, Berbère |
Angola | Capulana |
Bénin | Koutoubou, Adire, Aso-oke |
Botswana | Kitenge, Shoeshoe |
Burundi | Imigongo |
Cameroun | Toghu, Ndop |
Cap-Vert | Panos |
Côte d’Ivoire | Baoulé |
Djibouti | Direh |
Égypte | Lin, soie égyptienne |
Érythrée | Coton érythréen |
Éthiopie | Shemma, Netela |
Gabon | Raphia |
Ghana | Adinkra |
Guinée équatoriale | Mekope |
Kenya | Khanga, Kikoi |
Lesotho | Basotho |
Madagascar | Lamba |
Malawi | Chamarenga |
Mali | Bogolan, Bazin |
Maurice | Madras |
Namibie | Himba |
Nigéria | Adire |
Ouganda | Gomesi, Kikoy |
République centrafricaine | Barkcloth, Bogolan |
République démocratique du Congo (RDC) | Kuba, Kanga, Kitenge |
République du Congo | Liputa, Sika, Mbata |
Rwanda | Imigongo |
Sénégal | Bazin, Damassé |
Somalie | Somali Dirac |
Tanzanie | Kitenge |
Tchad | Jiré |
Togo | Kente |
Tunisie | Lin tunisien, Cachemire de l’Atlas |