Un voyage à travers le monde vibrant des épices du Cameroun

Helloooo Peuple du Tchapaloooo 😊
Est-ce que vous avez déjà été traîné jusqu’à la porte de quelqu’un ? Tout simplement parce que l’odeur qui en sortait agitait votre estomac ?
Ouiiii, la question est longue comme cette sensation que l’on ressent lorsque ces effluves titillent nos papilles. Surtout lorsque c’est relevée par des condiments.
Bon ! Je suppose que, vous avez déjà une idée sur ce dont vous allez lire aujourd’hui, en espérant que vous ayez déjà mangé. Sinon ça risque être une torture 😅. Sinon, il est question de rappeler l’importance et l’utilité des épices du Cameroun, voire d’ailleurs.

Comme pour toute civilisation, la continuité des pratiques, des coutumes, se fait grâce à l’héritage laissé par les ancêtres.

L‘héritage culinaire du Cameroun est riche et varié. En grande partie grâce aux multiples composants dans la préparation des divers plats traditionnels. Ndole, Taro et sauce jaune, Koki, Eru, Mbongo Tchobi, etc. L’ensemble des éléments insérés pour former ces mets permettent de constituer l’identité gastronomique.

Qu’est-ce qu’une épice ?

L’appellation « épice » dérive du mot latin « species » signifiant « substance, » et elle englobe une grande variété de plantes aromatiques.

Quant à son utilisation en cuisine, tout dépend de votre lieu d’habitation, ou votre mode de vie. Généralement, au village, elle est récoltée à l’état sauvage et utilisée en l’état. Il arrive qu’elle soit transformée et conditionnée (en poudre, en graines, ou en extraits) pour les supermarchés.

Lorsque je parle de village, ce n’est pas dans un sens dévalorisant.
Pour ceux qui ont eu la chance de séjourner dans un « vrai village« , où, le matin, le seul bruit qui vous réveille, ce sont les chants de coqs et d’oiseaux. Où l’air est agréable à inhaler, la rivière un lieu unique et magique, la convivialité qui règne en maître, etc. Je peux continuer à citer ainsi les éléments qui font la particularité de ce lieu. Mais, on va s’arrêter là.

Vous savez à quel point les aliments sont frais. C’est typiquement de la ferme à l’assiette en passant bien évidemment par la phase nettoyage. Et, généralement, chaque concession détient une parcelle de terre à l’arrière-cour dédiée à l’agriculture. Où, les petits produits du quotidien tels que, les plantes aromatiques, le manioc, un arbre fruitier (qui, le plus souvent, sert de place d’échanges), etc. y sont plantés.

Par ailleurs, certaines graines sont commercialisées dans les marchés et supermarchés, vous pouvez cultiver vos arômes préférés dans votre jardin, dans des pots, etc. Il existe des milliards de possibilités.

L’importance des épices camerounaises en médecine traditionnelle

Outre leur utilisation culinaire, les épices du Cameroun ont longtemps été utilisées dans la médecine traditionnelle pour leurs propriétés médicinales. Contribuant ainsi à la santé et au bien-être des populations locales.

Pour la petite histoire, chaque mets dit « traditionnel » a une propriété précise.
C’est récemment que je l’ai su.

Le secret se trouve entre les mains de nos mamans « initiées« . Celles qui savent exactement quelles épices associer pour soigner. Qu’il s’agisse d’une douleur, d’un état fébrile ou anxieux, d’une préparation physique en vue d’un voyage, etc. Elles connaissent quelle plante, épice ou encore quel plat serait idéal pour la situation.

Le clou de girofle, par exemple, est un puissant anti-inflammatoire. Il est souvent rajouté dans les soupes, pour relever le goût. C’est ainsi qu’elle déploie ses vertus sur la douleur. Mais pas que.

Plus bas, on verra les différentes propriétés thérapeutiques que renferment quelques épices de notre quotidien. J’espère que vous apprendrez des choses ou que ce sera un pic de rappel.

Aujourd’hui, on rencontre de moins en moins ces femmes. Celles qui connaissent l’intérêt des associations des épices dans la cuisine ou en dehors. Sauf si on se rend dans des villages qui n’ont pas été envahis par les nouvelles technologies et tendances. Ou encore dans ceux qui, malgré la modernisation, ont su conserver leurs traditions ancestrales. Et, se sont assurés de leurs transmissions à la future génération.

La raison de cette disparité ? Je vous laisse le soin de la découvrir seul.
Pour l’heure, concentrons-nous sur nos petits compagnons du quotidien et de leurs potentialités.

Les bienfaits des arômes sur la santé

Ajoutez du piquant à votre vie avec les meilleures épices du Cameroun !

Le poivre de Penja, Njansang- Akpi, Épice Mbongo, Afang , Épices Suya , Piment cubèbe, épice Mboh, rondelle , 4 côtés / Prékéssé / Esesè / Kwala / Tetrapleura tetraptera, le clou de girofle , le pèbè, le gingembre, la maniguette – Graine du paradis, le poivre de papaye, le Hiomi, etc.

La liste est non exhaustive. Et, bien évidemment, on ne peut pas tout expliquer et détailler en une fois. Je me suis permise de sélectionner quelques épices. Surtout, celles qui font partie intégrante de notre quotidien.

Le Ndjansang

Quel africain n’a jamais entendu parler de ce mot ?
Même si ce n’est pas dans la sphère culinaire, il est fréquemment utilisé pour charrier une personne qui a fait de la dépigmentation. Mais, je ne vous conseille pas d’essayer. Au risque de se prendre quelque chose sur la tête.

L’incontournable du pays, le ndjansang provient de l’arbre Ricinodendron heudelotii, qui confère aux plats un riche goût de noisette.
Il donne de la profondeur aux marinades, aux soupes détoxifiantes et aux sauces. Il renferme des lipides, des protéines et du calcium.

En décoction, l’écorce du Njansang est efficace pour soigner la fièvre jaune, l’anémie, les maux de dents, le paludisme, etc.
Ainsi que d’autres maladies plus ou moins complexes tels que : la blennorragie, la toux, la lèpre, la hernie, la dysenterie, l’éléphantiasis, la syphilis, etc.

Toujours avec ce même procédé d’utilisation, ses feuilles traitent la dysenterie, la stérilité féminine, l’œdème et les maux d’estomac. En Côte d’Ivoire, ses racines sont considérées comme un excellent aphrodisiaque.

Pressées à froid, ses graines produisent une huile qui peut être consommée directement. Elle peut s’appliquer aussi sur les cheveux. Ce qui permettra de les assouplir, leur apporter de la brillance.
De plus, si vous avez un cuir chevelure propice aux démangeaisons et aux pellicules, l’huile vous aidera à les éliminer et derrière s’assurer d’une bonne pousse de vos chers collègues 😊.

Notez aussi que le beurre de Njansang est un excellent antioxydant naturel.

Le poivre de Penja

De la famille des Piper negrum, le poivre de Penja est connu sous le nom d' »or noir » du Cameroun, et il porte d’ailleurs le nom de sa région, Penja. Unique, ce poivre noir a une saveur puissante avec des notes florales et d’agrumes prononcés. Sa polyvalence en fait un favori dans les plats à la fois salés que sucrés.
Récolté juste avant maturé et est très concentré en huiles essentielles, il possède toutes les saveurs connues du poivre.

Est-ce que vous savez que depuis 2013, il a le titre Indication Géographique Protégée (IGP) du continent africain ?
Si, non, je suis ravie de vous l’informer.

Comme pour la plupart des épices du Cameroun qu’on abordera dans cet article, le poivre est aussi utilisé pour assaisonner vos viandes (rouges, volaille, agneau, porc) ou vos poissons. Mais, allons au-delà de la cuisine, et découvrons ce qu’il nous propose.

Amélioration de la digestion

La digestion est notre plus grand combat quotidien. Par semaine, on peut se retrouver au moins 1 fois à être constipé, ballonner, à avoir des douleurs, faire des excès de table, etc. Tout type de produit y passe, laissant derrière lui une longue liste d’inconforts.

En stimulant les papilles gustatives, le poivre agit sur l’estomac et facilite la digestion. En arrivant dans cet organe, il va permettre la sécrétion de sucs gastriques et l’activité des enzymes pancréatiques. Ce qui va permettre de soulager vos douleurs à l’estomac. Réduire vos nausées ainsi que vos ballonnements. Et, si tout hasard, vous êtes de nature très constipée et ballonnée, il aura pareillement une action sur ces gènes.

Action anti-inflammatoire

C’est d’ailleurs cette dernière qui lui confère des propriétés médicinales. Le poivre de Penja est donc reconnue pour soulager les douleurs dentaires, d’arthrite, etc.

En plus de ces propriétés, il détient aussi des vertus antiseptiques, antibactériennes et antioxydantes, qui pourraient être intéressantes pour améliorer le système immunitaire.

En poudre, en graines, il est habituellement intégré lors des préparations culinaires au quotidien. Toutefois, il est possible de le consommer autrement, notamment, en infusion, en cataplasme, en décoction.

Par exemple, pour un mal de gorge, vous pouvez faire bouillir 25 cl d’eau et y faire infuser une vingtaine de graines de poivre moulu avec deux gousses d’ail. Pour finaliser le tout, rajoutez une cuillère à soupe de miel naturel et vous obtenez un remède de grande-mère bio.

Le gingembre

De la famille zingiberaceae, il provient d’une plante originaire d’Inde et se retrouve aujourd’hui dans le monde entier.

Au Cameroun, il est cultivé principalement dans les régions Centre et Nord-ouest où la terre est très riche. 
Une fois récolté et nettoyé, il est découpé et séché à basse température pendant plusieurs heures pour conserver ses propriétés.

On utilise le gingembre aussi pour traiter plusieurs maux puisqu’il est antifongique, anti-inflammatoire, antibactérien, antiviral, antioxydant, immunostimulant, anti-nauséeux.

• Stimule le système immunitaire,l’appétit et intervient sur la digestion
• Aide à lutter contre la fièvre, les états grippaux et les allergies.
• Soulage la douleur (migraines, règles, spasmes digestifs, troubles gastriques) grâce à son principal composé actif, le gingérol.
• Prévient les vomissements lors d’une grossesse.
• Tonifie, stimule et fortifie l’organisme.

Ses vertus sont reconnues sur la perte de poids grâce à ses fibres, vitamines, minéraux, oligo-éléments, antioxydants.
Qu’il soit frais, en poudre, ou séché entier, il est possible de bénéficier de ses différents avantages. Il permet de parfumer et relever vos plats. On pourra l’utiliser dans des sauces, légumes, viandes, poissons, soupes, salades et même en pâtisserie.

Vivant Au Mboa, qui, dans son quartier, n’a pas eu une vendeuse de jus foléré (Bissap) et de jus de gingembre ? Les deux vont souvent de pair. Pour aller loin, intégrer le gingembre dans votre thé, vos infusions avec du miel, votre thé glacé, mais aussi vos bières artisanales et rhums.

J’aime beaucoup cette racine, je l’utilise en sauce, en jus, en infusion, en cataplasme (rarement). Voici mes quelques recettes

Le clou de girofle

C’est un bouton floral issu du Giroflier, Syzygium aromaticum. Le clou de Girofle est récolté à la main dans différentes régions du Cameroun puis séché.

Son principe actif, l’eugénol, lui confère son pouvoir antiseptique. Ses bienfaits sur la santé résultent de ses effets analgésiques, anti-inflammatoires et antibactériens.

Si vous avez déjà eu une rage de dent, vous savez, que le clou de girofle est efficace pour soigner les maux de dents. 

Écrasez quelques boutons, puis appliquez la pâte directement sur la zone de la douleur.
Le goût est violent. Par contre, il agit plutôt rapidement.

Sa propriété antibactérienne est visible si vous avez les problèmes de peaux, notamment, d’acné.

Il aurait aussi des bénéfices sur les cheveux. Les nutriments essentiels, tels que la vitamine C, la vitamine K, le calcium et le magnésium, favorisent la circulation sanguine vers le cuir chevelu. Ce qui renforce les follicules pileux et encourage une croissance saine des cheveux.

Bref, le clou de girofle offre de nombreux avantages pour la santé, allant de la gestion de la douleur dentaire à la stimulation du système immunitaire, en passant par son potentiel anti-inflammatoire et ses propriétés digestives. Il peut être utilisé de diverses manières, que ce soit en cuisine ou sous forme d’infusion.

4 côtés / Prékéssé / Esesè / Kwala / Tetrapleura tetraptera

Peu importe le nom qu’on lui donne, c’est une espèce de plante à fleurs originaire d’Afrique de l’Ouest.
La plante s’appelle Esese, 4 Cotés au Cameroun, Prékéssé au Ghana, Uhio (Uhiokrihio) au Nigeria. Le fruit est traditionnellement utilisé comme épice et multivitamine naturelle.

Cette épice camerounaise est riche en antioxydants et possède des propriétés anti-inflammatoires et anti-microbiennes. Ce, grâce à ses composés phytochimiques, des vitamines, des minéraux, (zinc, cuivre, calcium, de magnésium, manganèse et sodium), des protéines, et de l’amidon.

En morceaux, ou en poudre, ajouter l’essèssè au dernier moment de la cuisson est important pour garder le maximum de saveurs et d’arômes.

La plupart du temps, on l’utilise dans des sauces traditionnelles telles que le mbongo, la sauce jaune, le pèpe soup. C’est un excellent allié pour la marinade du poisson braisé.

Épices de Mbongô

Aframomum Citratum appelé aussi « maniguette juteuse« , une espèce de plante du genre afromomum présente au Cameroun, Gabon et Nigeria. Elle est très proche de la maniguette (Afromomum melegueta).

Oui ! avec moi, vous aurez tous les noms scientifiques.

Les ingrédients qui constituent la sauce de mbongô sont un mélange de graines, de feuilles et d’herbes aromatiques, créant une saveur audacieuse et épicée. Populaire au Cameroun, c’est une sauce qu’on retrouve dans la plupart des cérémonies, des restaurants, des tournedos, etc. On l’accompagne de manioc, de plantain vapeur, de patate douce, de riz. Bref, à vous de faire le choix de votre complément favori.

Le Mbongô est torréfié et moulu très fin pour devenir un des composants principaux de la sauce noire dans la recette Bassa’a du Mbongo Tchobi. Il a un gout végétal, citronné et camphré et se rapproche fortement de la maniguette sans le gout piquant et poivré.

Les fruits sont des gousses de forme ovoïdes et de couleur marron foncé de quelques centimètres, dans lesquelles de nombreuses petites graines noires sont contenues dans une pulpe blanche.

Les vertus du Mbongô sont très proches de la maniguette avec des propriétés antioxydantes et digestives.

Avec un arôme fugace, il faudra le moudre ou l’utiliser au dernier moment sur des viandes (canard, volailles), des crustacés, des légumes (courges, aubergines, champignons). On l’utilisera aussi dans des desserts comme des entremets, des compotes de fruits, des mousses au chocolat.

Pour réussir votre Mbongô, mélangez les épices du cameroun suivantes : hiomi (non brulé), messep (basilic sauvage), gingembre, rondelle (abre à ail), noix de pèbè, djansang, éssèssè (épices 4 cotés), mbongo (afromomum citratum), maniguette (afromomum melegueta), poivre noir de Penja.

Quel avenir pour nos épices dans les pratiques ancestrales ?

En soi, je ne peux réellement dire que nous avons perdu l’utilisation, l’habitude d’associer ces différentes épices qui nous entourent. Bien que nombreux les achète sans concrètement connaître leurs bénéfices. Les mélangeant à tort et à travers. Je faisais partie du lot il y a quelque temps.
Comme quoi, on apprend tous les jours. Une connaissance devrait améliorer positivement notre rythme de vie.

Plusieurs industriels ont compris depuis des années leurs intérêts. Au point d’en faire leurs activités principales. Par contre, il devient rare de retrouver des produits sans additifs, 100% naturels, etc.

J’espère vous avoir apporté des éclaircissements sur nos compagnons gastronomiques. Je vais retourner dans mes wakas pour trouver ces femmes qui savent comment les associer dans nos repas. Comprendre quel mets cuisiner dans une certaine situation.

En attendant, découvrez les marques camerounaises et africaines qui produisent localement et utilisent les procédés traditionnels pour ne pas détériorer les essences de ces épices.

À bientôt Au Tchapalo !